You came

Anders & Grace

Je hoche la tête en silence pour confirmer ses dires. Je veux protéger mes enfants, c'est ça. Je n'ai pas envie de leur donner un faux espoir, leur faire perdre les repères parce qu'ils sont encore jeunes bien qu'ils savent ce qui est arrivé à leur mère. Je ne suis pas perturbé par cette pensée quand j'entends le serveur venir avec le plat. Il déposa le Beyayennatou au milieu de la table pour qu'il soit à portée de main pour nous deux. Je remercie le serveur qui s'en va et je regarde Grace avant d'être amusé par sa réaction.

Tellement amusé je ne peux pas m'empêcher de rire quand j'entends son estomac grogner. J'essaye de contrôler mon état d'hilarité en plaquant ma main devant la bouche, seul mes épaules sont secoué par mon rire que j'essaye de faire silencieux.

- Pardon héhé. C'était votre réaction. Vous ne vous y attendez pas à ça. C'était drôle. m'expliquais-je avant de me reprendre, je lui montre comment on mange après avoir mis la serviette sur mes jambes par précaution. On mange tranquillement, surtout concentrés sur notre prise. Vous aimez ?

You came

anders et grace

Je l'entendis rire et le rejoignis légèrement. Je lui accordais cela. Il ne se moquait pas vraiment d'elle mais riait plus de son étonnement. Je ne peux empêcher la bonne humeur de garder le dessus. Son rire était communicatif et montrait ce visage détendu qu'il pouvait avoir. Je ne pus m'empêcher de le détailler avec des yeux rieurs. Je contrôlais au mieux mon trouble derrière un amusement non feint.

- Non en effet. C'est un gros plat ! Ajoutais-je, encore sous l'étonnement.

Cela ne m'empêcha en aucun cas de suivre les mouvements d'Anders des yeux. De la galette qu'il tenait en main, au plat dans lequel il piocha, jusqu'à ce que cela atteigne ses lèvres. Et je me retrouvais à déglutir difficilement avant de m'essayer moi-même à la nourriture. C'était nouveau et rafraîchissant. Je tentais au mieux de ne pas en mettre partout et ne surtout pas lui donner une autre occasion de rire, même si j'aimais assez ce côté de lui. Il ne tarda toutefois pas à me demander mon avis sur le repas et je ne pus que hocher la tête en attendant de finir cette bouchée.

- C'est copieux ! Avec ça, je vais devoir me hisser jusqu'à ma chambre, c'est certain ! Et si ce n'est pas assez clair, comprenez par là, que j'aime beaucoup ! Souris-je en décidant de faire une pause sur le repas avant de totalement couper toute faim. Qu'est-ce que vous aimez faire à part la photographie ? Vous viviez à Chicago avant si je me souviens bien, vous y avez grandi ? Demandais-je alors dans un soudain changement de sujet.

You came

Anders & Grace

Je ne me suis pas attendu à la réaction de Grace que j'en ai ri. Bon, je ne lui en voudrai pas si elle n'est pas capable de tout manger, ça ne me dérange pas, parce que j'ai vraiment faim que je pourrai manger pour deux. Je commence à manger, tout en montrant comment il faut faire et je n'hésite pas à lui donner des conseils pour pas qu'elle se retrouve avec la nourriture partout, je trouve qu'elle se débrouille plutôt pas mal. Je fais surtout ça, parce que j'ai peur de rire à nouveau mais bon, je ne serai pas facilement excusé pour ça.

Je prends la viande pendant qu'elle me répond et je mange, je ne peux pas empêcher de sourire à sa réponse et si je n'avais pas la nourriture, j'aurai ricané. Puis sur le coup, elle me pose des questions, je reprends presque mon visage sérieux et pensif. Je fais une petite moue avant d'être capable de parler.

- Je venais de Philadelphie, j'ai déménagé ensuite à Chicago quand j'avais six ans. J'y ai passé une partie de mon enfance oui, j'étais à South Side.

Je m'essuie les mains et je ne pense pas qu'il soit nécessaire de lui demander où est ce qu'elle vivait, car de toute manière, j'ai son adresse qui est dans mon carnet.

- A part la photographie, j'aime beaucoup me balader, passer une nuit à la belle étoile pour regarder justement les constellations. Je ne suis pas véritablement un expert mais je sais reconnaître quelques unes. J'aime ne rien faire, juste prendre mon temps, rester assis et observer autour de moi. Peu de gens savent faire ça ces derniers temps, vu qu'ils se font tout le temps presser par je ne sais quoi... C'est ce que vous faites non ? Pour écrire votre livre, vous avez besoin d'observer autour de vous pour mettre en place les lieux, l'ambiance ... ?

You came

anders et grace

C'était assez amusant de se dire que nous avions vécu dans la même ville. Certes, Chicago était une grande ville et c'était compréhensible de ne jamais s'être croisé mais je ne restais pas moins amusée de la coïncidence. Nous aurions pu nous rencontrer bien plus tôt. Je ne m'attardais cependant pas sur ce détail avant de poser d'autres questions.

Il y répondit sans difficulté et je ne pouvais m'empêcher de penser que chacune de ses réponses confirmait un peu plus le genre d'homme qu'il était. Cela semblait lui ressembler totalement. Après tout, il était photographe et il devait passer plus de temps à observer qu'à être dans le feu de l'action.

- Oui et... non. J'observe au moins autant que je m'informe. Je pense qu'on ne peut pas écrire sur quelque chose sans connaître un minimum le sujet. Il m'arrivait aussi de regarder les étoiles quand j'étais petite. Je me souviens, on a été dans cette maison où on avait accès à un balcon et mon frère avait fait installer un télescope qu'il avait bidouillé lui-même pour qu'on puisse regarder le ciel, ma sœur et moi. Mais aujourd'hui, je ne prends plus vraiment le temps de lever les yeux. Je cuisine plutôt bien si on en croit mes testeurs habituels et ça me prend le temps que je gardais pour regarder le ciel.

You came

Anders & Grace

Grace est une journaliste, c'est vrai. Contrairement à moi qui observe, elle s'informe. Elle m'a l'air d'être le genre de femme qui aime bien garder le contrôle et que tout se passe comme elle a prévu. Je souris un peu tout en mangeant et je veille à lui en laisser un peu, parce que peut-être que j'ai faim, je n'ai pas envie de manger sa part. C'est marrant qu'elle observe elle aussi les étoiles, enfin observait. On a été dans la même ville, on regarde les étoiles, sommes célibataires, avons des enfants ... Je ne cesse pas d'être impressionné que malgré nos différences, nous sommes assez proches et nous nous entendons bien.

- Aurais-je une chance de goûter à votre cuisine un jour ? lui demande-je avec un petit sourire. Oui hein, je suis sûr que même après cette soirée, on va sûrement se revoir. C'est marrant que vous regardiez les étoiles avec un télescope. J'en ai un chez moi, que j'ai offert à mon fils. Il aime beaucoup regarder les étoiles, je lui ai un peu transmis cette passion et il rêve de devenir astronaute pour voyager dans les étoiles. Je lâche un léger soupir, les yeux au ciel amusé par ce rêve d'enfant. J'avais eu ce rêve-là auparavant. Vous avez un frère et une soeur donc ? lui demandais-je en continuant à manger.

You came

anders et grace

Un chance de goûter ma cuisine ? Peut-être. Je lui lançais un léger sourire peut-être un peu trop taquin avant de reprendre lentement une bouchée sans le lâcher du regard. J'aurai eu mille phrases à lui répondre mais aucune semblait judicieuse. Je lui montrais de l'intérêt mais il n'avait pas besoin de le savoir. Ce ne serait pas très prudent.

A la mention du télescope, je ne pus empêcher mon regard de briller un peu plus. Cet objet représentait un souvenir heureux et Anders allait sans aucun doute en créer de nombreux avec son fils lors de leurs observations nocturnes.

- C'est une bonne passion et beau rêve ! Qui sait, peut-être qu'il se réalisera et vous serez surpris ! Répondis-je en le voyant amusé et attendri par ce rêve que beaucoup penseraient irréalisables.

Tout dépendait de la force de sa détermination et s'il était comme son père, il aurait sans doute quelques chances de son côté.

- Oui, j'avais... ma sœur est décédée il y a quelques années et je n'ai plus de nouvelles de mon frère depuis au moins autant de temps. Pas la famille la plus soudée qu'on puisse connaître. Et vous, mis à part votre sœur et vos enfants, vous avez de la famille dans le coin ?

You came

Anders & Grace

- Je n'attends que ça, voir mes enfants grandir et réaliser leur rêve. lui dis-je avec un petit sourire avant de porter le verre à mes lèvres.

Je bois le whisky avant de poser la question et continuer à manger. Je n'ai pas pu m'empêcher de demander à propos de sa famille, je suis un peu trop curieux, mais en même temps, ça n'a pas l'air de la déranger tout comme ça ne me dérange pas non plus.

- Désolé de l'apprendre... lui dis-je aussitôt que j'apprends que sa soeur est décédée, qu'elle n'a plus de contact avec son frère. Je n'ai que eux. J'ai mon père, mais je ne sais pas ce qu'il est devenu depuis qu'il a divorcé, peut-être qu'il est parti en Allemagne, je ne sais pas. Ma mère est décédée, il n'y a pas si longtemps que ça. Du coup, nous sommes une petite famille. lui réponds-je avec un sourire. On pourrait se tutoyer pour la soirée ? Cela me fait bizarre de parler de nos vies comme ça, en se vouvoyant. Tu ne penses pas ?

Bon ceci dit, la tutoyer d'un coup comme ça, ça me fait bizarre aussi...

You came

anders et grace

Je lui souris parce que je ne peux rien faire d'autre. J'ai accepté depuis longtemps que ma famille était celle-ci et ses excuses ne sont pas nécessaires. Il n'est coupable de rien et je pouvais en parler sans soucis. J'avais fait mon deuil des années auparavant.

Je lui renvoyais alors plus ou moins la question et lui offrais un sourire compréhensif et amical quand il révéla ce qu'il en était de ses parents. Moi-même les avais perdu des années auparavant et pouvais tout à fait comprendre ce besoin de se raccrocher à ce qu'il restait de sa famille qui, aujourd'hui, se composait exclusivement de Paige et Thomas.

La proposition qui suivit ne me surprit pas tellement et je hochais rapidement la tête. Je n'avais même pas besoin de réfléchir pour savoir que le tutoyer pourrait m'aller. J'étais facilement proche des gens, c'était un don souvent confirmé et le vouvoiement amenait cette distance avec laquelle je me trouvais parfois moins à l'aise. Hors, avec lui, je l'étais totalement.

- J'aurai pu le proposer moi-même. Je parle beaucoup mais ce n'est pas si souvent que j'ai l'occasion de croiser quelqu'un avec qui je peux discuter de tout ça aussi facilement. Le fait est qu'on doive garder notre vie privée le plus privé possible rend toute nouvelle relation difficile. Mais c'est différent avec toi. Fis-je mine de demander en le détaillant d'un regard plus doux que je le voudrais. Je n'aurai jamais pensé passer une aussi bonne soirée en ta compagnie et surtout découvrir la cuisine éthiopienne après avoir eu un coup de malchance à l'aéroport. C'est la surprise du jour.

Et je finissais ce qui pouvait être ma part, faisant passer ces paroles pour anodines. Elles ne l'étaient pas et je voulais peut-être le remercier à ma façon de me permettre de me détendre et de me mettre si facilement à l'aise. Ce n'était pas arrivé en bien longtemps.

You came

Anders & Grace

Je souris.
A dire vrai, c'est une surprise pour moi aussi. Je ne pensais pas la voir ce soir, encore moins passer une très bonne soirée à manger éthiopien. Je n'avais aucune idée de comment terminer ma journée avant que Grace n'arrive et illumine à sa façon ma soirée. C'est quand même impressionnant l'effet qu'elle fait aux personnes à qui elle parle, enfin je ne sais pas pour les autres ...

- C'est une bonne surprise pour moi aussi. fis-je en l'observant plus attentivement.

Je me mets à manger aussi avant que je ne me fasse surprendre parce que je la regarde un peu trop longtemps. C'est vrai que Grace est vraiment différente des autres personnes que j'ai rencontré jusque là, je n'ai jamais réussi à parler de ma vie privée comme ça, aussi librement... Peut-être parce que nous avons tous les deux notre vie privée...

On continue de manger, on n'avait plus faim quand on nous a proposé le dessert et on a continué à parler de tout et de rien en finissant tranquillement nos verres. Plus on parlait, plus une sorte d'émotion m'envahissait et cela ne m'est pas arrivé depuis longtemps que j'ai eu du mal à le reconnaître au départ... Puis vint l'hésitation et la question si c'était pareil du côté de Grace, j'ai cru voir quelques signes peut-être... Mh... Je payais pour nous deux quand ce fut le moment de sortir et une fois que c'était fait. On se retrouve à nouveau dehors, il neige un peu et je souris légèrement à cette constatation alors que je me frotte les mains.

- Je détestais la neige avant ... Là maintenant, je la trouve magnifique... Encore plus dans la campagne. Je fais une pause avant de reprendre. Tu as pris un hôtel ?

You came

anders et grace

Son regard ne me gêne pas. Je n'y vois rien de plus que de la curiosité et décidais donc de rester naturellement concentrée sur mon verre, un sourire sur le visage tout en relançant la conversation rapidement.

Le reste du repas se déroula de la même manière que le début, ponctué de paroles, de bonne humeur et de sourire. Si je me retrouvais à le détailler et sentir mon estomac faire un bon à chaque fois qu'il riait, je faisais de mon mieux pour l'ignorer. Ce n'était pas un sentiment que je pouvais encore comprendre. Ce n'était qu'un faible passager qui me rendit pourtant soudainement mal lorsque l'on sortit du restaurant.

Je hausse un sourcil quand il m'avoua détester la neige. Comment pouvait-on la détester ? Qu'on la trouve peu pratique et dangereuse, peut-être. Mais comment pouvait-on ne pas apprécier la beauté de ce monde en blanc ? Je n'eus pas l'occasion ni le temps de lui poser la question qu'il me questionna à son tour.

- Oui, un hôtel sur Madison Avenue. Le Towers ? Je n'ai aucune idée de comment y aller. Heureusement que les taxis existent. Souris-je sans trop savoir comment signer la fin de cette soirée. Bon et bien... Vous n'habitez pas trop loin ? Auquel cas, il serait facile de partager le taxi j'imagine...

You came

Anders & Grace

Le Towers ?
Je ne connais pas ce nom, mais je vois de quelle rue elle parle et on n'est pas très loin en réalité. Je souris un peu quand elle parle de taxis qui existent, je ne peux qu'être d'accord avec elle alors que moi, je vis un petit peu plus loin que ça. Je pensais prendre le métro, mais l'idée de partager le taxi est déjà un bon prétexte pour rester encore avec elle... J'ai cette part de moi qui ne veut pas terminer cette soirée comme ça, mais j'ai aussi cette autre part qui me dit que ce n'est pas raisonnable...

- Mh ... Oui. Je vis un peu plus loin, vers Upper. On va prendre un taxi. Allons dans la grande rue, on va réussir à en avoir un.

On n'a pas une grande distance à parcourir pour retrouver une grande rue et quand on est arrivé, je vois déjà un taxi de libre. Instinctivement et sans dire un mot, j'attrape la main de Grace et lève l'autre bras pour interpeller le taxi. Je ne m'en rends compte que lorsque qu'on y entre et que je la regarde sans dire un mot à peine assis sur le siège passager alors que le conducteur nous demande la destination, mais je ne fais pas trop attention à ça, parce que je ne sais pas ce qui se passe lors de notre échange de regard... mais j'ai eu l'impression que tout mon rythme cardiaque s'emballe à l'idée. A cette idée de vouloir finir la soirée avec elle, de ne pas la quitter comme ça.

- On va à Madison Avenue, l'hôtel, Le Towers. dis-je sans réfléchir et sans la quitter du regard.

You came

anders et grace

Il n'était pas contre l'idée du taxi. Je ne devais pas essayer d'imaginer ce qu'il devait penser à ma proposition. Ou peut-être que si. Peut-être que j'espérais qu'il y comprendrait autre chose. J'aurai pu me montrer entreprenante ou même directe mais puisque je n'étais, étrangement, à cet instant que peu sûre de moi-même, je préférai simplement faire durer cette soirée un peu plus longtemps. Cela passait par partager un taxi.

Et inexplicablement, cela passait par tenir sa main. Un frisson me parcourut alors qu'il m'entraînait jusqu'à la rue principale et devant le taxi. J'aurai sans doute pu essayer de me défaire de son emprise mais la simple vérité était sans doute que j'avais attendu un contact toute la soirée. C'était malheureux à dire mais depuis l'instant où je m'étais retournée pour le trouver si proche, mon inconscient semblait ne vouloir que ça.
En voiture, je n'essayais pas plus de m'éloigner et préférais, au contraire, raffermir ma prise. Sa main avait fait tomber tous mes doutes et si j'avais hésité quelque peu, ce n'était plus du tout le cas à cet instant. Et, si j'en témoignais par les battements incontrôlés dû à l'adrénaline et l'anticipation lorsqu'il ne donna qu'une seule et unique destination, je n'avais plus aucune raison de réfréner ce qui se passait dans mon esprit. Mon regard l'expliqua d'ailleurs peut-être mieux que des mots alors que je le laissais le détailler. Son visage était ma première cible. De ses yeux à ses lèvres, de ses lèvres à ses yeux, mes pensées lui étaient livrées sur un plateau.

Alors quand le chauffeur indiqua que nous étions arrivés à destination, je lui lâchais la main à regret pour payer la première et surtout, sortir du véhicule. Ma dernière parcelle de doute vola en éclat quand Anders sortit à son tour et me fit face. Je regardais une seconde le taxi s'éloigner avant de revenir trouver son regard et lui sourire doucement.

- Si tu n'es pas pressé, j'aurai peut-être quelque chose à te montrer, là-haut. Annonçais-je plutôt clairement avant de faire un pas vers l'intérieur.

You came

Anders & Grace

Sa main serre encore plus la prise que j'ai sur la sienne. Mon regard sur le sien et je sens une sorte de connexion, une sorte d'envie qui monte et je suis intérieurement soulagé que je ne suis pas le seul à ressentir cela, je le vois en Grace et comprends qu'elle le désirait aussi. Il me semblait bien avoir compris depuis le restaurant et en même temps, avec une telle discussion, à rire et à se sourire pendant toute la soirée, à faire tomber les barrières qui nous permettait de garder la distance, comment le comprendre autrement ?

Je dois me retenir, on peut le faire. On a juste une petite distance à parcourir avant de se permettre ... De me permettre de la toucher de mes lèvres, de la découvrir. Mon regard se balade très souvent entre son visage, ses lèvres, son cou, sa main, mais ça ne dure pas longtemps qu'on doive sortir du taxi et je la laisse payer.

C'est même à ce moment-là que je perds sa main et que je la laisse sortir, sans la retenir, mais pris d'une impulsion ou juste parce que j'ai dit une destination unique avec un "on" ou les deux, je suis sorti à mon tour après avoir remercié le chauffeur. Je me retrouve en face d'elle alors qu'elle regarde le taxi s'éloigner, je souris en même temps qu'elle quand on se croise du regard, je n'ai pas besoin de dire un mot.

J'ai tout le temps du monde pour aller voir ce qu'elle a à me montrer là-haut, même que je suis tout à fait curieux bien que j'ai parfaitement une idée de ce qu'elle veut me montrer, je sais que je serai surpris par ce que je vais voir. Je la suis dans l'hôtel, en restant légèrement derrière elle juste pour observer sa silhouette. On marche jusqu'à cet ascenseur et j'ai dû me retenir quand il y avait déjà d'autres personnes dans cette petite cabine, mais je n'ai pas pu empêcher ma main se poser sur sa hanche pour qu'elle se rapproche de moi et laisser l'espace à l'autre personne qui est dans cet ascenseur. Du bout des doigts, j'imagine sa peau sous ce tissu. En même temps je la sens contre ma hanche et ce contact fait accélérer le battement de mon coeur et j'en oublie de respirer à ce moment-là, bien que je me rattrape et reprenne le contrôle à l'instant après.

On est les premiers à sortir et on se retrouve tous seuls dans le couloir, silencieusement je me mets à la suivre, la laissant se libérer de ce contact dans l'ascenseur, un peu à contre-coeur et je me retrouve derrière elle quand on est devant sa porte. Ma main se pose sur son épaule et remonte à son cou dans une douce caresse pendant qu'elle ouvre la porte. Mon regard ne doit qu'exprimer mon désir pour elle et je sens mon corps s'emballer à cette idée-là, le pire c'est que ça doit faire longtemps que je n'ai pas fait ça, ni ressenti cela.

J'entre dans sa chambre alors qu'elle reste près de la porte et la referme derrière moi. Je me retourne un peu vers elle et je retrouve l'interrupteur pour allumer la lumière, mais je ne me suis pas retourné seulement pour ça : je pose ma main sur sa joue en même temps que mes lèvres touchèrent les siennes.

You came

anders et grace

L'impatience mais aussi l'anticipation semblèrent prendre le pas sur l'attente. Il me suivait sans même hésiter et si c'était une preuve de plus que nous nous dirigions dans la bonne direction, je me gardais de tout commentaire. J'étais tendue et prête à céder s'il n'y avait pas eu quelqu'un pour nous tenir compagnie dans cet ascenseur.

Je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait. Ce n'était pas vraiment mon genre d'avoir ce genre de relation soudaine mais même la simple chaleur de sa main à travers mon vêtement suffit à me mettre dans tous mes états. Il était nécessaire d'arriver à la chambre avant que je crée un accident ici et maintenant. Je restais au plus proche de lui, autant pour laisser la place à d'autres que pour accompagner ce sentiment d'impatience.

Quand finalement nous arrivâmes au bon étage, je ne perdais pas de temps à l'attendre. J'étais certaine qu'il suivait et me hâtais plutôt à trouver le pass. Il ne rendit pas ma tâche facile et je sentais un frisson me parcourir répétitivement à chaque fois que sa main touchait un nouveau centimètre de peau. S'il continuait, je ne répondais plus de rien et l'embrasserais dans ce couloir. Je le regardais une seconde, les yeux sombres pour ne fixer que les siens. Mon estomac sembla sauter de joie à l'image qu'il me renvoyait et à ce que je pouvais lire dans son regard. Il réussit presque à me faire céder mais heureusement pour nous deux, je trouvais mon bonheur et le laissais entrer avant de placer le pass dans son encolure et fermer la porte.

Mon cœur semblait vouloir sortir de ma poitrine et mon imagination fonctionnait à plein régime. Si je me retournais ou plutôt quand je me retournerai, il serait là et il aurait ce même regard qu'il avait juste avant d'entrée. Et alors, il n'y aurait plus de retour en arrière. Je sentais l'excitation envahir mes veines et quand je me retournais, ce fut pour le voir nous sortir de l'obscurité mais surtout, dans cette même seconde coller ses lèvres aux miennes.

Je ne réalisais que j'avais retenu ma respiration qu'à cet instant mais ne m'en inquiétait pas alors que mes mains glissaient doucement le long de ses bras jusqu'à ses épaules et son cou. J'oubliais même de penser à la nécessité de respirer quand je décidais de répondre à ce baiser. Il n'était pas brutal mais il n'était pas non plus doux. J'y mettais la force de mon attirance et le rapprochais de moi jusqu'à être tout contre lui. Je refusais de céder quoique ce soit de ce baiser et profitais d'une respiration pour me montrer entreprenante. J'avais du mal à comprendre les propres battements de mon coeur. Ils étaient anarchiques et puissants. Ils donnaient vie à des sensations que je n'avais pas éprouvé depuis longtemps voire jamais éprouvé.

Je me débarrassais de mon sac sans prêter attention à l'endroit où il avait atterri et entrepris de retirer cette veste qu'il portait et qui commençait à gêner mon besoin de contact. Je voulais toucher sa peau et le sentir réagir à mes caresses. Je voulais quelque chose de puissant et je n'hésitais pas à réclamer de ses lèvres qu'elles se fassent plus pressantes. Trop occupée à jouer avec sa lèvre inférieure pour regarder ce que faisait mes mains, je me dirigeais au bruit pour savoir qu'il venait d'être débarrassé d'un vêtement. Immédiatement, je cherchais pour les pans des suivants et y passais mes mains froides jusqu'à sentir sa peau. La chaleur m'accueillit et j'entendis un son distinctif de contentement sortir de ma propre bouche.

Je devais m'éloigner de ses lèvres, au moins un instant pour passer ces vêtements par dessus sa tête mais le processus était difficile. J'avais la sensation de me comporter comme une adolescente en manque d'affection et d'attention. Je ne résistais plus et remontais mes mains le long de son torse, créant de la distance entre nous. Je quittais ses lèvres pour me plonger dans son regard, un sourire explicite sur le visage.

- Est-ce que ce serait trop évident si je te disais que j'ai pensé à ça depuis le début de cette soirée ?

You came

Anders & Grace

Ce n'est pas seulement un simple baiser sur ses lèvres, ce n'est pas brutal ni trop doux. Je ne sais pas comment qualifier ça, mais ce serait plutôt une soif de découverte qui commence à naître. Je l'embrasse encore et encore, restant sur ses lèvres et je ne sais pas si je pense bien à respirer. Il me semble que c'est pas une chose qui est du haut de la liste des priorités. Je n'ai pas cessé d'imaginer quel en serait le goût et je n'en suis pas déçu, bien que je souris un peu contre ses lèvres, amusé à l'idée qu'il y avait le goût du plat éthiopien. Ma main touche sa joue et la caresse tandis que de l'autre, je l'explore, avant d'être suffisamment gêné par la présence de ses vêtements.

Les yeux fermés m'aident à comprendre ce que je ressens véritablement, j'ai l'impression que tout s'emballe, que ça bondit et que c'est sur le pas de l'explosion qui va venir après. Je m'approche d'elle quand elle me réclame, ma main dans son dos, je sens sa poitrine contre moi et je réalise que ça va réellement se terminer comme ça. Je sais bien que j'ai senti la tension avant, que je l'ai reconnue malgré les années passées. Etrangement, je ne me sens pas mal à l'aise alors que peut-être j'aurai dû.

Nos gestes sont un peu flous, ce n'est pas facile de s'embrasser et de porter les mains partout, jeter les choses qui semblent être superflues, je peux entendre son sac être jeté quelque part. J'enlève vite les mains et dus me séparer de ses lèvres un moment, n'arrivant pas à trouver la stabilité quand j'enlève cette veste, mais elle n'était pas d'accord qu'elle les réclama à sa manière... Sa manière que je compris rapidement. On n'est plus trop capable de se séparer maintenant, j'ai ce besoin de la toucher, de l'explorer davantage et cela se fait de plus en plus pressant.

Après avoir laissé tombé ma veste quelque part, je cherche à lui débarrasser le sien avant de réagir à ses mains qui se faufilaient en dessous de mes vêtements. Ma respiration s'en trouva légèrement perturbée avant que je ne reprenne le contrôle. Je faisais les pas en arrière pour se rapprocher du lit, mais on s'arrêtait pour retirer nos vêtements. Je le faisais au plus vite, comme si ... Oui, en fait j'agis comme un vrai ado qui n'est pas capable de rester plus de trois secondes éloigné de sa chaleur, de ses mains et surtout de ses lèvres.

Mes mains se baladaient sur les pans de ses vêtements, prêt à les enlever et je m'y préparais mentalement à cela, enfin on s'y préparait parce que je l'alertais à ma manière ce qui allait se passer ensuite. Seulement, je ne m'attendais pas à ce qu'elle me pousse et que je sois obligé de prendre la distance, juste pour retrouver son regard sombre de désir.

- Tu n'étais pas la seule. lui réponds-je avec ce même sourire qu'elle avait.

Sur ces mots, je l'aidais à retirer ses vêtements jusqu'à la retrouver presque torse nue avant de la pousser gentiment à s'asseoir sur le lit et que je me penche à ses lèvres, les mains à côté de ses jambes. J'en profite pour enlever mes chaussures tout seul, bien que j'ai conscience que je pourrai les abîmer comme ça, mais je m'en fiche. Je descends mes lèvres à son cou et je la pousse encore un peu plus à s'allonger sur le lit, je continue à descendre mes lèvres, à découvrir chaque parcelle de sa peau que je parsème de baisers.